L’amante anglaise : Judith Magre hypnotise son public
L’amante anglaise – Lucernaire De Marguerite Duras Mise en scène de Thierry Harcourt Avec Judith Magre, Jacques Frantz, Jean-Claude Leguay Du 8 septembre 2017 au 12 novembre 2017 Tarifs : 11€ à 26€ Réservation en ligne ou par tél. au 01 45 44 57 34 Durée :1h20 Le Lucernaire
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Jusqu’au 12 novembre 2017 Dans ce jeu du chat et de la souris, interrogatoire autour d’un fait divers véridique, la réalité côtoie l’absurde, la folie et son langage deviennent presque intelligibles, grâce à l’interprétation de Judith Magre qui dévoile toute l’étendue de son talent. Une découverte macabre défraye la chronique en 1949. La pièce de Marguerite Duras s’inspire de ce fait divers. Des morceaux du cadavre de Marie-Thérèse Bousquet, une sourde-muette, dispersés à travers plusieurs trains de marchandise, sont découverts. Si la criminelle, Claire Lannes, est rapidement découverte et avoue sans résistances le meurtre de sa cousine, deux mystères demeurent entiers. Où se trouve la tête de la victime ? Quelles sont les motivations de ce crime inexpliqué ? Échec du dialogue Un dialogue, ou plus exactement, un interrogatoire, s’engage sur scène, entre un enquêteur à l’identité floue, l’époux de la criminelle puis la meurtrière Claire Lannes. Entre polar et thriller psychologique, un jeu du chat et de la souris se déploie. Qui aide qui ? Que veut-elle ? Connaître la vérité ou la cacher ? Dans quel but ? Qui mène le jeu ? Telle une héroïne tragique qui orchestre sa propre défaite et la met en scène, nous assistons, témoins, acteurs, à sa chute, dans cette tragédie de l’échec du dialogue. Une présence hypnotisante Les comédiens relèvent tous haut la main le défi d’interpréter une pièce centrée sur les dialogues, relativement statique, comportant peu d’action. Mais ce texte, ils le font danser, en font vibrer la chair, en dégagent toutes ses odeurs et ses couleurs. Subtile, tragique, comique, Judith Magre s’imprègne de ses moindres virgules, laisse résonner les sens cachés derrière chaque mot, derrière chaque silence avec un réalisme étonnant. Elle relève également le défi de rendre la folie et son langage intelligibles. Souveraine dans ce rôle qui lui va comme un gant, elle dispense avec parcimonie soupirs, moues, sourires, mais nous y suspend et porte à son comble la tension tel un arc bandé à la limite de son point de rupture. Elle détient ce pouvoir rare des grands de la scène de jouer avec le temps. Elle l’étire, le ramasse, le sculpte, comme un potier manipule une glaise entre ses mains. Elle le caresse, le dompte, s’en pare, telle une charmeuse de serpent. Elle hypnotise.
Jeanne Rolland
[Crédits Photo 1, 2, 3 : © Ph Hanula] |
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